Il y a indubitablement un nihilisme ambiant très répandu. Anecdote : quand j’habitais à Boulogne-Billancourt, je tractais souvent pour le compte du groupe local d’EELV devant le marché Escudier [c’est-à-dire dans la partie de la ville la plus riche et la plus réac]. Avec un aplomb hallucinant, les vieux bourges bien satisfaits d’eux-mêmes me disaient que oui, on avait raison mais que bon, il était trop tard donc autant profiter des vols pour la Thaïlande au mois de février. « Mais vous avez bien des enfants ? », leur rétorquais-je, en espérant faire vibrer quelque fibre parentale. « Bien sûr. Et je les amène avec moi. Parce que bientôt il sera trop tard. »
Bref, comme le montre 𐌘𐌄𐌓𐌔𐌖, la philosophie se retrouve dans un cul-de-sac face au nihilisme. Un autre ami parcourt un chemin proche mais différent, celui du « récit ». Avec le désenchantement du monde, le récit a disparu [et c’est bien pour cela que je joue aux jeux de rôle, pour bâtir un succédané de récit avec mes amis, mais je m’égare]. L’ami Chem met en exergue la nécessité d’un « autre récit ». Seulement, comme il l’écrit lui-même, aucun récit alternatif, positif et global n’émerge, les nouveaux récits étant desservis par des carences au niveau de leur crédibilité et/ou de leur légitimité.
La religion, qui souvent arrive à faire faire des choses assez contraignantes aux gens (se priver de viande, d’alcool, de relations sexuelles), serait peut-être un bon levier pour forcer les gens à se comporter de manière plus vertueuse mais semble pourtant elle aussi désemparée vis-à-vis du changement climatique, notamment — à mon avis — parce que ce que nous appelons « religion » de nos jours n’en est plus vraiment une mais plutôt un marqueur d’appartenance socio-culturelle.
Du coup on est baisés.
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