02 September 2006

11 mars, le grand mensonge (extraits)

« Face à l'Union Soviétique, le capitalisme avait accepté un mirage de démocratie géographiquement limité à l'Europe Occidentale. Mais depuis la chute du mur de Berlin, et plus encore depuis le 11 septembre il est devenu impossible de continuer à soutenir une équation purement propagandiste (bien qu'elle soit réelle pour ses quelques bénéficiaires). Les événements des dernières décennies sont là pour nous prouver l'incompatibilité évidente entre capitalisme et démocratie. Dans le meilleur des cas, le capitalisme ne peut que se permettre une gestion démocratique dans quelques pays et aux dépens des libertés de la majeure partie du monde ; dans le pire des cas, en période de crise, de récession, ou d'absence d'opposition, la démocratie est le seul moyen de gestion qu'il ne peut pas se permettre. »
« Quand on a été trop loin, qu'on a franchi la dernière frontière, il vaut mieux toutes les redessiner. La “perte de légitimité démocratique” c'est une perte, mais c'est aussi une arme. Si on a transgressé les normes, il faut faire en sorte que personne ne les respecte : si on s'en est servi en public, autant s'en servir pour que plus personne ne puisse être crédible. Les bourdes de Powell devant l'ONU, celles de Bush et de Blair devant leurs Parlements respectifs, celles d'Aznar après le 11 mars sont moins dédiées à cacher une vérité qui pourrait leur nuire qu'à miner le cadre où l'on peut encore distinguer la vérité du mensonge. En détruisant les conditions pour toute crédibilité ils délégitiment aussi les condamnations contre cette agression, ils grippent la crédibilité de toute résistance et discréditent toutes les variantes de discours ou d'action. Il faut déchaîner, toujours plus vite, sur la population une combinaison de bombes et de mensonges pour que, alors qu'on ne sait plus qui craindre et qui croire, elle ait confiance en la force institutionnelle — incarnée par un leadership personnel — qui ferme les frontières, militarise les rues et restreint la liberté de se déplacer. Un Schéma de Sécurité efface brutalement toutes les différences (celles du droit, celles de la politique, celles de la pitié) pour imposer à leur place une seule différence : nous et eux, et eux, dans un mécanisme identique à celui du racisme, sont tous les mêmes et ils doivent être traités de la même manière : Al-Qaeda, ETA, les squatteurs, José Bové, ANSWER, l'Alliance Nationale Patriotique [irakienne], les pacifistes, les internationalistes, les Mères de Mai... »

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