Un passage de cette interview m'a marqué plus particulièrement :
—Coumo es chambià la val Pelis ent aquesti 50 ann?
—I e' cambià couma touta nosta valadda: ënt i ann '60 lou spoupoulament i à
privà nosta valadda dë tanta gënt. Touta 'cla agregasioun quë i era, ënqueui i
e' pa pi, aven 'gù na deprivasioun dla vita comounitaria e dla soulidarietà.
Ënloura 'l era ben pi fachil quë la familha es troubèsoun la neuch ënsem për
dëscute, për parlà. Eoura praticament ai renioun, ai spetacoul li ven pa pi
nun, perqué onhidun es n'ista ën sa cà oub sa televizioun. La vita es sens aoute
pi fachil, però creou quë n'àbiou perdù la reizoun d'istà ënsem.
Ce passage résonne étrangement en phase avec mes préoccupations du moment. Je discourais naguère avec un mien ami sur un sujet semblable. Il s'était rendu à la commune pour une histoire de permis de je-ne-sais-quoi, et la dame qui s'occupait de son dossier étant du genre charraira, elle lui avait exposé par le menu les tracas qui l'assaillaient : travail trop prenant, fatigue, absence de loisirs et surtout de vam pour exercer des activités extra-professionnelles. Le mien ami de s'étonner que, au XXIe siècle, une fonctionnaire, dans un pays démocratique, avancé, pût se trouver ansi en souffrance, alors qu'elle était finalement, à l'échelle de la planète, objectivement privilégiée. Je lui rétorquai que je me trouvais dans une situation semblable : le soir, après mon trajet quotidien en wagon à bestiaux, je me trouve dans un tel état de fatigue physique et d'angoisse que je suis incapable de toute activité intellectuelle et que je me limite aux tâches d'arpète. Bref, j'ai une vie de con, malgré un indéniable confort matériel. C'est pourquoi notre conversation dévia alors vers le sujet du BNB (Bonheur National Brut), que d'aucuns voudraient voir remplacer le PNB comme mesure du niveau de vie d'un pays. En effet, il paraît établi que, en dépit de conditions matérielles peu enviables, les habitants du Bhoutan paraissent
« heureux », alors qu'un des problèmes majeurs de nos sociétés occidentales est que « nous perdons notre vie à la gagner ». Ils sont pauvres mais heureux ; nous luttons constamment pour ne pas tomber dans la misère.
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