26 November 2006

La guerre de l'opium (鸦片战争)

Au moment de sa sortie (1997) — qui coïncidait avec la rétrocession de Hong Kong à la Chine — on avait largement taxé ce film de revanchisme. Je l'ai vu ce soir sur Arte, dans une horrible VF qui ne fait pas honneur à la chaîne : les Chinois y parlaient français avec un accent « chinois » grotesque, alors que les Anglais parlaient français normalement. La réalité est loin, très loin, de l'image véhiculée par les media il y a dix ans. Le film est parfaitement honnête, didactique même, dans son traitement de la Première guerre de l'opium. L'administration mandchoue est dépeinte corrompue telle qu'elle devait l'être ; l'empereur Dàoguāng (道光) est un autocrate infichu de prendre des décisions ; l'armement de la Chine est dans le même état qu'un siècle auparavant. La Chine était mûre pour tomber, et comme le dit la reine Victoria dans le film : « si ce n'est pas l'Angleterre qui y va, ce sera la France ou l'Amérique». Les Britanniques sont décrits comme étant cupides et belliqueux, certes ; mais également comme ayant des institutions démocratiques : la Reine ne donne son feu vert aux opérations de guerre qu'après un vote en ce sens du Parlement.
La reconstitution historique est un bonheur pour les fanas de films en costume : la cour mandchoue, les soldats chinois et britanniques, les bateaux, et même les scènes à Londres et en Angleterre (avec une inauguration de voie ferrée par la reine Victoria). Tout cela est d'une qualité bien supérieure à ce qu'on voit habituellement dans les films chinois.
Le seul point faible du film est qu'il introduit au départ une foule de personnages secondaires qu'on perd ensuite totalement de vue et qui ne reparaissent plus. Bizarre. Hormis ce petit détail, ce film est absolument à voir pour tous les passionnés d'histoire, et pas seulement d'histoire chinoise.
Ce film nous permet également de nous rendre compte de l'immense défaite subie par la Chine au XIXe siècle (d'après J. Gernet, les troupes anglaises qui attaquent Canton en 1841 ne sont fortes que de 2400 hommes !), défaite qui a toujours obsédé les Chinois, et qui explique leur soif de puissance et de richesse actuelle. Le côté positif de la chose est que, apparemment, les Chinois ont retenu la leçon de l'Histoire et que c'est par le commerce et non par les armes qu'ils cherchent à laver l'affront d'il y a un siècle et demi.

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