Article tiré de CQFD n°35, juin 2006 :
Les dirigeantes socialistes ont un faible pour l'uniforme. En France, Royal veut encaserner les sauvageons. Au Chili, Bachelet laisserait bien crever les Indiens mapuches tombés sous le coup d'une loi antiterroriste datant de la dictature militaire. Condamnés à dix ans de prison pour avoir occupé des terres spoliées, trois leaders indiens et une activiste chilienne ont mené une grève de la faim de deux mois avant que la nouvelle présidente daigne examiner leur cas. Entre-temps, elle avait essuyé quelques reproches lors de sa tournée européenne. José Saramago, prix Nobel de littérature, lui a lancé : « Faites-moi le plaisir de jeter un œil au peuple mapuche, les Chiliens les plus anciens. » Fin mai, un Mapuche est passé par Marseille. La presse locale l'a superbement ignoré. Les élus PS, contactés par un Chilien qui croit au lobbying, aussi. Luis Llanquilef : « Dans les années 60, il y a eu un début de réforme agraire. Sitôt arrivé au pouvoir, Pinochet a tout défait. Il a livré nos terres aux exploitations forestières. Aujourd’hui, celles-ci veulent nous voler le peu qui nous reste, pour y planter des arbres génétiquement modifiés, qui arrivent à maturité en 15-20 ans au lieu de 50 et appauvrissent durablement le sol. Nous nous basons sur les documents de la réforme agraire pour réclamer la dévolution des terres. Mais les socialistes, au pouvoir depuis la fin de la dictature, n'ont plus rien à voir avec Allende. Eux aussi ont eu le cerveau lavé par les Chicago boys ultralibéraux. » CQFD a partagé un couscous avec Luis. Quand on lui a expliqué que dans les journaux d'ici la rubrique des chiens écrasés occupe plus de place que l'actualité internationale, il a répondu : « La prochaine fois, je parlerai de ce clébard mapuche envoyé en l'air par un camion. »
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